Happysad metaphore of things to come

Happysad metaphore of things to come
Burn like a banana, run like a nut with a bottle full of whipped cream in a world of nonsense.

Pain-tures











    « The artist is the mirror of the world and the world is falling appart. »

Cette citation de S. Parrino est très lourde de sens. L’artiste étant « le miroir du monde », il doit retranscrire une interprétation correspondant à son époque et ainsi transgresser les critères moraux et sociaux pour poser de nouvelles questions et, comme d’autres l’ont fait avant lui, ouvrir une brèche.

Cette brèche a d’autant plus de sens à notre époque où les mutations sont nombreuses, tant au niveau social qu’au niveau intellectuel. Une régression de la conscience
collective est devenue une évidence et se trouve être le
résultat d’un gavage humain par l’image, quelle qu’elle soit.

La civilisation arrivant à un cap de technologie et de
modernité devenant quasi-incontrôlable, elle se retrouve sur la pente du déclin. « ...et le monde part en morceaux. »
pourrait être une déclaration d’auto-destruction inévitable de cet ‘’artiste-miroir’’ voué à se briser lui aussi, mais pour ses idéaux et non à cause de ceux de la société.

    « A twisted world summons a twisted art »

J’ai commencé à peindre sur toile à mon entrée aux beaux-arts de Valence, dès que j’ai pris connaissance des
processus de fabrication d’un châssis et du montage d’une toile.
Habitué au dessin, mes premières toiles étaient
essentiellement des peintures figuratives de style bande dessinée.

    « Votre peinture, c’est du coloriage! », Olivier Gourvil, Décembre 2005.

En deuxième année je commençais à m’ intéresser à la matière, au rendu en épaisseur de la peinture. Progressivement le style s’épura enlevant les corps et les symboles pour ne plus conserver que le cadre apparent ou non, la toile en tissus coloré uni et la peinture limitée à sa fonction d’enduit sans pigments. J’ aboutissait en 2008, aux peintures que je nommais Dermal Paintings ou Peintures Epidermiques.

Par une mise en forme typée “chaos to order chaos”, fort de ces expériences et nourri de cette thématique, j’exprime un refus. Refus d’un conformisme, refus d’appartenir à un groupe ou une mouvance quelconque, refus d’un système de formatage fascisant et refus d’un monde occidental
uniformisé où l’objectivité et le savoir-vivre ont disparu.

Des mutations s’opèrent et apparaissent au grès des catastrophes et des conflits, comme des tumeurs apparaissant, ça et là, sur une terre devenue difforme et laide, ne
pouvant plus assumer ses ''enfants''.
Il convient de se poser la question de la valeur de l’Homme à l’heure actuelle.
Va-t-il disparaître? S’auto- annihiler? Mérite-t-il sont sort? N’est-il pas bloqué dans un système auto-phage? Est- ce juste un cycle planétaire de civilisations qui aboutit et qui laissera place a un renouveau?

    « Mes peintures sont plus proches de Warhol, de
Pollock ou de Manet, ou d’autres artistes qui ont travaillé sur ce flou, cet effet de flou. Avec Manet, il s’agissait de cette question obsessionnelle: « comment exister aujourd’hui en tant qu’ homme industriel? ». En réalité il peignait le flou de l’époque, cette confusion entre les
choses. »

Il émerge une négation de l’humain rabaissée au rang de marchandise ou de monstruosité lorsqu’il est “hors-normes”, alors que, paradoxalement, règne le culte du corps, et donc du beau. L’ Homme est devenu un “self-humanist”, s’adulant sans considérer les autres, reniant la mort, la laideur, la différence, la décrépitude et sa propre périssabilité,
faisant rentrer la dimension corporelle au stade du culte de l’ ''Übermensch'', l’homme génétiquement supérieur, une perfection visuelle dénuée de toute capacité à se remettre en cause.

Une peur de l’avenir compensée par une surexploitation du moi, une surmédiatisation de certains phénomènes, la création de besoins factices, de psychoses sociétales à l’ échelle nationale, un égotisme et une superficialité
surdimensionnés, ainsi qu’une croyance archaïque en la pérénité divine de la beauté par la glorification de
la chirurgie esthétique à outrance.

Tout cela contribue à confiner les sociétés dans une
dépendance vis à vis des besoins primordiaux ou pas, avides d’ immédiat et de tout-fait, irresponsables vis à vis de leurs actes, et tout simplement stupides puisque
maintenus insidieusement dans une sous éducation, créant un moutonnage des parents et des enfants, par la télévision et le système scolaire.

    «[...] la raison pour laquelle je suis un anarchiste: je crois que les gens devraient être responsables, prendre le contrôle de leurs existences, et être des personnes
décentes et envoyer tout le reste se faire foutre. »

En réalisant une mise en forme picturale absoute de tout élément subjectif pouvant la rattacher à une image ou repère social ou culturel, ou alors en pervertissant ces critères, le ''regardeur''est alors confronté à lui- même, étant son seul et unique  point de repère. Il se produit alors un face à face charnel renvoyant à des notions basiques tactiles. Une incitation à rentrer en contact avec la toile, un affrontement physique, une appréciation de la force du volume et de la douceur des courbes, les replis rappelant la chair, le velours de la nuit, la lumière effrayante des cauchemars; un hybride entre l’esthétique et l’infâme par un visuel sécrétionnel.

Il se crée alors un rapport d’érotisme morbide renvoyant à une donnée commune à tous, mais volontairement ignorée car crainte, la mort, la révélation de la face cachée,
la connaissance fortuite d’un sombre secret qui n’aurait jamais dû être dévoilé, la confrontation avec sa propre noirceur et décrépitude. Le choc Eros/Tanathos. La vision à travers le miroir, au delà de la surface. La fascination. Un contact inavouable avec l’objet du mystère. La finalité étant, bien sûr, la connexion entre l’ oeuvre et le ''regardeur''.

Le format est important dans le sens où la toile doit s’imposer, s’affirmer, face à l’observateur qui doit se
trouver dans une position d’humilité forcée, comme face à une amibe gigantesque tout droit sortie d’un film d’ Ed Wood. Cette imposition relève du choc, elle doit captiver le regard et amener les gens à l’affronter, à avoir peur et à être fascinés, comme un papillon de nuit attiré
inexorablement vers la lumière qui le tuera, à prendre
conscience de leur condition et à voir les choses sous un nouvel angle.

Une imposition par la non-position, livrer une non-image révélant un visage caché et jusque là, renié.
Cette confrontation extérieur-observateur/ intérieur-toile est une sorte de provocation, d’un appel aux sens visant à se questionner sur sa propre nature et ce qu’elle engendre à notre époque. L’ homme dégénérant du haut de son seuil
d’ évolution, l’art, et la peinture contemporaine
''académique'' en particulier, sont-ils dans une phase de stagnation ou de dégénérescence à force de chercher la représentation de l’objet par l’objet, ainsi que le
conceptuel le plus absolu? Un passage d’une matérialité à bout de souffle à une spiritualité grotesque. L’artiste se
résume à une activité de glaneur de luxe et d’inventeur
de ''Déjà- faits''.

    Dans des états de saturation et de flou tel que celui ci, un retour aux sources, comme de nombreux maîtres
contemporains l’ont fait, est primordial. L’exhumation des origines et de leurs précédentes évolutions. Et les exhumer pour mieux les ré-animer et les briser. Avoir ce privilège ultime de vie et de mort sur l’objet de notre création. Le mettre en danger en le forçant, en le torturant, en le
poussant à sa limite et peut-être assister à son évolution ou sa destruction potentielle. La laisser à un niveau humain. Mesquin, affichant le tabou, traitre, mortel mais également consciencieux, loyal et vivant .

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